Les dossiers de l'UNKA : la découverte de la zone glacée de tribord.
Le 31 juin 1003 l'expédition atteint le carreau n°38, et la réalité de la zone glacée ne fait plus de doutes : une banquise arrête bientôt les navires. Sur cette étendue désolée balayée par un vent glacé, l'expédition débarque et apprête ses traîneaux qui seront tirés par des chimeaux choisis pour leur endurance et leur résistance au froid. Le 2 juillet, le départ est donné et l'expédition laisse derrière elle les deux navires gardés par une dizaine de matelots.
En dépit de l'apparente - et heureuse - myopie qui vaut aux monstres de rater le plus souvent leur cible, deux hommes et un chimeau y laisseront la vie, un traîneau et son précieux chargement seront aussi perdus. Ebranlés moralement, les hommes doivent également faire face à un froid de plus en plus intense. Le 21 juillet, l'expédition entre dans le carreau n°39 et le terrain devient plus accidenté, rendant la progression plus lente. La température est désormais si basse (autour de -40° celsius la nuit) que le moindre geste élémentaire pose problème. La révolte gronde et il faut toute la force de caractère d'Edmund Sein pour persuader les hommes de repartir.
Soudain le 30 août, au sommet d'un col, un panorama à
couper le souffle mais terrible s'offre aux yeux de l'expédition
: à l'horizon des montagnes de plus de 8000 mètres forment
une barrière quasiment infranchissable. Mais cela n'arrêterait
pas Edmund Sein si un mur immense et gris ne surplombait les plus hautes
cimes de plusieurs kilomètres. Il devient manifeste que les Architectes de la légende sont
bien une réalité, et qu'ils n'ont pas souhaité
que les hommes puissent passer d'une zone de chaleur à l'autre. Avec l'automne qui approche puis s'impose, avec à nouveau les attaques des morsoins, le chemin du retour est marqué par plusieurs décès qui ne laissent que trente et un survivants au pied des navires accostés à la banquise, le 30 octobre. Le capitaine de la Pintade avouera plus tard à Edmund Sein qu'il ne s'en était fallu que de quelques jours avant que les goélettes ne remettent le cap sur Attica, considérant l'expédition comme perdue corps et biens. Les survivants ne sont pourtant pas au bout de leurs peines, sur le
chemin du retour les goélettes se font attaquer par une flotte
inconnue supérieurement armée, les quelques canons embarqués
sur la Pintade et la Nînnoise ne tiennent pas la comparaison et
la Nînnoise encaisse quelques coups au but qui compromettent gravement
sa survie. Toute l'expédition semble sur le point d'échouer
quand une tempête miséricordieuse se lève et disperse
la flotte des assaillants. Mais la Nînnoise coule, entraînant
avec elle sous les flots neuf hommes supplémentaires et la quasi
totalité des chimeaux survivants, ainsi que la perte irréparable
des cartes de l'expédition. Alors même qu'il considère son expédition comme un échec, Edmund Sein est fêté en héros national. Dans les semaines qui suivent le voilà bombardé membre honoraire de la Société Géographique de Néa-York, reçu en grande pompe et décoré par le gouvernement qui siège alors à Adrissènes, fêté comme un enfant du pays à Doxa, la capitale de sa province natale... et pressé partout de raconter son extraordinaire aventure. Un hommage mérité, car la moisson d'informations scientifiques
récoltée est d'importance : Edmund Sein a apporté
la preuve de l'existence de la zone glacée qui sépare
deux zones de chaleur, il a également découvert de nombreuses
espèces animales. |